L’HISTOIRE DU PHARE

 AVANT LE PHARE DE KERBEL


Le signalement des passes de la rade de Lorient est envisagé dès 1837. 
Pour la passe orientale (petite passe) ce sera par l’alignement des fanaux du Moulin de la Perrière et du clocher de l’église St Louis à Lorient. Quant à la passe ouest (ou grande passe), elle sera marquée, en 1854, par le feu du Lohic, au pied des remparts de Port Louis, et par la tour à feu du Poulfanc, haute d’une quinzaine de mètres.

La tour à feu du Poulfanc.

La tour à feu du Poulfanc.

Une carte postale du feu du Lohic.

Une carte postale du feu du Lohic.

Celle-ci, quasiment détruite par la foudre en février 1900, devra être restaurée et équipée d’un paratonnerre.

En 1910, dans le cadre du renforcement des feux d’alignement des passes de Lorient demandé par le service des mouvements du port, le ministre des travaux publics, en accord avec l’avis de la commission des phares, décide que le feu du Poulfanc doit être réhaussé de 8 mètres. Ceci s’avérant techniquement impossible pour la tour en place, il est décidé d’en construire une nouvelle : ce sera l’actuel phare de Kerbel.

NAISSANCE DU PHARE


Le projet définitif est validé le 22 novembre 1911 par Mrs Méchin et Lebert, ingénieurs des Phares et Balises.

 
Signatures officielles au bas du projet définitif.

Signatures officielles au bas du projet définitif.

 

Le 23 mars 1912 à la préfecture de Lorient, a eu lieu l’adjudication de ses travaux de construction, prononcée en faveur de Monsieur Caro, au prix du devis de 17000F.

L’Indépendance républicaine 10 mars 1912.

L’Indépendance républicaine 10 mars 1912.

 L’écho du Morbihan 31 mars 1912.

 L’écho du Morbihan 31 mars 1912.

Les travaux ont donc commencé en novembre 1912.

Accolé à la maison des gardiens, le phare s’élèvera à 25 m, et sera surmonté d’une lanterne en béton armé, ceinte d’un garde corps en béton armé lui aussi. Equipé d’une lentille de Fresnel, il fonctionnera à la vapeur de pétrole, pour lequel, une dépendance, « le magasin aux huiles », sera aussi construite.

La construction du phare, 1913.

La construction du phare, 1913.

Croquis définitifs du phare.

Croquis définitifs du phare.

UN PHARE DANS LA NUIT


Le phare entre en fonction en 1913, et sa charge est confiée à Monsieur Brin, ancien maréchal des logis d’artillerie coloniale.

Mais le gardien iconique du phare de Kerbel sera en fait une gardienne. Honorine Le Guen prend ses fonctions à 23 ans, en 1925, et ne les quittera qu’en 1972 pour prendre sa retraite. Fille du gardien du phare de Pen Men à Groix, elle s’est très tôt initiée à la fonction de gardienne auxiliaire, à laquelle elle a été officiellement admise à l’âge de 18 ans.

Le phare de Pen Men à Groix

Le phare de Pen Men à Groix

En obtenant son affectation au Phare de Kerbel à Riantec, elle est devenue la seule femme en France gardienne d’un tel phare. Chaque jour, il lui fallait démonter, nettoyer et remonter plusieurs pièces de la lentille. Et surtout, chaque jour, elle montait deux bidons de 8 litres de pétrole, jusqu’à l'électrification du phare, prescrite par une décision ministérielle datée de 1928, et effective en 1932. 

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Honorine Le Guen, première femme gardienne de Phare en France - Ina.fr - 1983.

Extrait du rapport de la commission des phares et balises - 1928

Extrait du rapport de la commission des phares et balises - 1928

En effet, la commission des phares, lors de sa séance du 24 février 1928, estime que, du fait de la proximité du réseau de distribution (Société Bretonne d’Electricité) la transformation sera aisée, et qu’elle permettra de changer le caractère de l’éclairage : d’un feu fixe, on passera à un feu à occultations. Jusque là le feu fixe blanc de Kerbel, dans le même axe que le feu fixe rouge du Lohic, pouvait générer des confusions avec les feux des bateaux ou ceux des localités du littoral. Grâce à l’électrification, le scintillement est possible et la commission le définit ainsi toutes les 18 secondes :

Lumière : 9s / 1ere occultation : 1s
Lumière : 3s / 2ème occultation : 1s
Lumière : 3s / 3ème occultation : 1s

Au début de l’occupation, Honorine Le Guen est maintenue à son poste, malgré les bombardements et les évacuations. Dominique Labarrière raconte dans son livre « Survivre : la vie des Français de l’Ouest en 1944 », qu’une nuit, alors que les alliés pillonnent la base sous marine de Kéroman (Lorient), plus grande base de U-boots allemande, les autorités allemandes lui donnent l’ordre d’éteindre le phare qui guiderait l’aviation alliée. Honorine Le Guen refuse alors, arguant qu’elle n’obéit qu’au règlement des gardiens de phare qui lui impose de garder le feu allumé pour donner la passe, tant que des bateaux, en mer, la demandent.

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Par la suite, le phare sera investi par les allemands, mais Honorine Le Guen continuera à venir régulièrement contrôler son état, et elle le réintègrera en 1945.

Le phare de Kerbel a continué ensuite a guidé les navires jusqu’à son extinction définitive en août 1989.

RECONVERSION, LE PHARE DE KERBEL, LOGEMENT D’EXCEPTION


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En 2003, l’administration des phares et balises décide de vendre le phare. Ce sera une vente à la bougie, que remporte Monsieur Jégat. 

Celui-ci n’a pas de projet précis au moment de son achat, il a plutôt succombé à un coup de cœur. Puis l’idée de créer un gite germe, et monsieur Jégat, par ailleurs entrepreneur en bâtiment, se lance dans des travaux titanesques pendant deux ans pour mener à bien la transformation du phare. 

En 2007, le phare est devenu l’unique phare au sommet duquel un studio est installé, et il accueille ses premiers occupants. Monsieur Jégat, secondé dès le début de l’aventure par Madame Muin, veillera sur lui et ses occupants successifs pendant plus de 10 ans, laissant dans la mémoire de centaines de personnes des souvenirs de magie et d’enchantement.

En 2018, le phare change de propriétaire, mais garde sa vocation d’accueil, toujours avec, et grâce à, l’aide précieuse de Madame Muin 

 

L’aventure se poursuit….